L'œuvre d'Anna Kirkpatrick est imprégnée de l'idée que la "main est l'outil toujours disponible de la sensibilité humaine". Ses pièces "tactiles" nous reposent de l'agitation frénétique du monde. Elle travaille lentement, superposant couche après couche, élaborant peu à peu à partir de divers empilements de matériaux hétéroclites – bois, tissus, papier, carton, pigments, peintures, teintures, ficelle et cire – un langage à mi-chemin entre peinture et sculpture. Tandis qu'elle déchire, racle, repeint, coud, assemble et rafistole, elle se fie à ses intuitions ou même au hasard pour laisser entrevoir un univers intime fait de contemplation et de retenue.
Á Autun, au centre de la France, elle enrichit son processus de "cuisine
méditative" du regard qu'elle porte sur la poésie du
vieux quartier défraîchi qu'elle habite dans cette ancienne
ville gallo-romaine. Elle y a installé ses deux ateliers, l'un au
rez-de-chaussée
pour le travail salissant du bois, l'autre sous les toits, espace lumineux
où elle travaille à sa peinture et à ses collages.
Son
œuvre témoigne de l’influence d’artistes du vingtième
siècle comme Roger Bissière, Torres-Garcia, Mark Rothko et
Agnès
Martin, mais on y trouve aussi quelque chose des arts primitifs, des arts
populaires et appliqués, ou encore d'icônes anciennes ou de
retables italiens.
Née américaine, Anna Kirkpatrick a étudié la peinture
et l'histoire de l'Art aux États-Unis et en Italie. Avant de s'installer
en France en 1988 elle a été successivement restauratrice de
pianos, décoratrice de théâtre, et encore « guide
» à la collection Philips de Washington D.C. Pendant de nombreuses
années aussi, sous le pseudonyme d'Annie-get-your-gun (Annie la gâchette),
elle a servi des cocktails et des sandwiches Reuben au légendaire One
Step Down Jazz Club à Washington. Lauréate d'une bourse d'études
de la Ford Foundation aux USA et d'une autre de la Fondation Camargo de Cassis
en France (résidence d'artiste), elle a aussi été deux
fois artiste invitée au Tyrone Guthrie Centre en Irlande. Ses œuvres
sont régulièrement exposées en France et en Suisse, et
elles figurent dans de nombreuses collections privées d'Amérique
du Nord, d'Amérique latine et d'Europe. La ville de Genève en
a acquis plusieurs en deux occasions, et une rétrospective partielle
de ses créations a été organisée en 2004 au musée
Rollin d'Autun.
L'Anna et l'Armoire, une vidéo sur ses « armoires », est maintenant visible sur ce site. vidéo